Xel, ou l'histoire d'un druide

HRP: Voici contés les premiers pas de Xel, dans un monde loin du nôtre mais qui y ressemble tant (à savoir le serveur du Conseil des Ombres).
Je me suis contenté de copier/coller l'histoire depuis notre ancien serveur, et de rédiger l'histoire de la transition d'un monde à l'autre

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Bonjour à tous.

Je me présente: je m'appelle Xel.

Je suis né il y a plus de 9000 ans, dans un temps où Kalimdor n'était encore qu'un seul et unique continent. Avant que les événements tragiques qui ont frappé notre monde, Azeroth, ne se produisent.

Mon enfance s'est déroulée sans faits notables, et je n'étais qu'un adolescent lorsque l'invasion démoniaque a eu lieu. Et la victoire finale ne peut pas faire oublier les malheurs et les bouleversements que cela a entraîné: je ne sais pas quel hasard, je suis encore vivant pour en parler.

J'ai participé du haut de mes petits moyens à la reconstruction des anciennes terres, j'ai frémi à la découverte de l'inconscience d'Illidan, et j'ai assisté au miracle de l'Arbre Monde Nordrassil, puis à la lutte inconsidérée de Dath’Remar et les rescapés des "Bien Nés" contre les druides. J'étais présent lorsque Dath’Remar a déchaîné la tempête magique sur Ashenvale, et j'ai applaudi lorsqu'ils ont été exilés par les druides. Ceci a renforcé mon attachement aux valeurs véhiculées par cet ordre, et j'ai alors rejoint le Cercle de Cenarius dans l'espoir de devenir moi-même druide un jour, Et j'ai sans hésité suivi lorsque Ysera a demandé à ce que les druides respectent leur serment et viennent dormir dans son domaine. Et j'ai dormi et rêvé pendant 7300 ans au sein de ce monde mouvant et merveilleux. De ces rêves, je ne parlerai pas, car ils n'appartiennent qu'aux seuls druides.

J'ai été éveillé après la bataille du Mont Hyjal, car le monde avait besoin des services des druides. Mes premières semaines ont été passées à prendre connaissance de tout ce qui s'est passé pendant mon absence. Que de souffrances...

On m'a alors confié ma première mission: prendre contact avec les territoires humains, et rapporter tout ce qui se passe là-bas.

*soupire*

Comment décrire ce premier contact...
Mes instructeurs m'avaient indiqué qu'ils étaient entré en contact avec une personne, à l'abbaye du Northshire, qui allait m'invoquer là-bas. Le transfert s'est assez bien passé, à part une légère nausée à l'arrivée.
Mais la première personne que j'ai croisée était accompagnée d'un démon! Ces mêmes créatures que nous avions combattues des millénaires auparavant étaient présentes sur ces terres! Et tout cela paraissait normal pour tout le monde...
La personne qui commandait ce démon m'a alors présenté comme son esclave à un prêtre itinérant et m'a vendu à lui!!! J'étais trop éberlué pour dire quoique ce soit, ayant du mal à comprendre ce qui se passait, et paralysé par la présence du démon à ses côtés. C'est seulement lorsque le prêtre m'a alors signalé qu'il m'affranchissait que j'ai repris mes esprits, et que j'ai compris que la transaction à laquelle j'assistais me concernait! Le maître du démon s'est mis à rire, et est parti, toujours en train de rire, accompagné de son démon.

Dans les minutes qui suivaient, une autre très mauvaise surprise m'attendait. Une jeune humaine utilisait les forces interdites de la Magie! Cette même Magie qui avait été la cause de tant de malheurs, elle était pratiquée ouvertement ici!

C'est un peu abasourdi que je suis allé prendre mon premier repos au sein de l'Abbaye: tant et tant de pensées se bousculaient dans mon crâne que j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette méditation que l'on peut confondre avec le sommeil.

Mes premières journées ont été la source de bien de nouvelles surprises. Les humains luttent entre eux: ainsi, certains d'entre eux ont formé une confrérie qu'ils appellent les Défias, et ils les combattent férocément. De nombreux animaux sauvages sont massacrés, ainsi que d'autres créatures humanoïdes.

Suite à mon premier rapport, ma seconde tâche a été de me mettre à la disposition des autorités de Stormwind, et d'obéir en tout point à leurs consignes, même si cela allait à l'encontre de mes principes. Et c'est ainsi que je me suis trouvé à mon tour en train de massacrer d'innocents animaux sauvages et ces créatures humanoïdes, et même les humains nommés Défias! Ce baptême de sang m'aura endurci le coeur - je pense que tel était le but recherché.

Mes instructeurs ont alors estimé que j'étais enfin prêt à assimiler les techniques druidiques de métamorphose: j'ai découvert le hâvre des druides, la terre bénie de Reflet-de-Lune. C'est là que j'ai acquis la Force de l'Ours et la possibilité de me transformer en ours moi-même. Cette expérience est stupéfiante! Je me sens plus à mon aise dans la peau de cet animal que lorsque je suis dans la peau d'un elfe. Lorsque j'ai fait part de ce sentiment, j'ai eu droit à un sourire, et j'ai appris que c'était assez fréquent, car la forme d'ours ressent bien plus les ondes émises par la Terre Mère, et que c'était la preuve qu'ils ne s'étaient pas trompés sur mon compte, ni moi dans ma vocation.

J'ai alors été renvoyé à nouveau dans les terres humaines, avec comme nouvelle consigne de voyager jusqu'aux terres des nains et de me mettre à la disposition des autorités naines. A nouveau, j'ai été invoqué à Stormwind, et à nouveau j'ai croisé le même humain avec son démon, qui m'a souri d'un petit air narquois devant mon air ahuri avant de s'éloigner à nouveau. Je me demande vraiment quel lien peut bien nous unir.

J'ai alors entrepris le long voyage jusqu'au Loch Modan, destination où mes ordres m'enjoignent d'aller.
J'ai dû prendre cette abomination qu'est le Tramway des Profondeurs, gigantesque cicatrice au sein de la Terre Mère et symbôle de la soi-disant ingénierie gnome. Comment peut-on s'extasier devant ce tas de métal hurlant et malodorant, je ne comprends pas.
Mes pas m'ont alors mené à Ironforge, capitale des nains. A ma grande surprise, cette mégalopole est parfaitement intégrée à l'environnement - les artisans de cette merveille architecturale ont dû oeuvrer des siècles durant pour façonner ce prodige, et on ressent que chaque pierre, avant d'être taillée, a été étudiée avec passion afin d'éviter de la briser à contresens. Autant le tramway avait été creusé sans aucun respect pour la roche, autant cette ville m'a laissé sans voix.
Les nains eux-mêmes sont très surprenants: ils semblent taillés dans la roche, et leurs manières même si elles sont généralement bourrues, ressemblent aux éclats de Dame Nature, à la fois sauvages, douces et rudes. Qui plus est, nul démon, ni adepte de magie, n'ont grâce à leurs yeux - ça m'a soulagé de voir que les anciennes valeurs n'ont pas été entièrement oubliées.

J'ai donc repris ma route vers le Loch Modan, au travers des montagnes enneigées et glacées. J'ai apprécié la fourrure offerte par ma forme d'ours, car le climat est très inhospitalier, et mes bottines légères ne me protégeaient aucunement de la neige et du froid. Et c'est ainsi que je suis arrivé au bord du Loch Modan.
Que cette région est belle! Oublieux quelques instants de ma mission, je suis allé me baigner dans les eaux froides du lac, et les poissons m'ont offert un repas digne d'un roi.

En sortant de l'eau, j'ai entendu de toutes petites voix crier, et je remarquais alors 2 petits humanoïdes que j'identifiais comme étant des gnomes. Le couple semblait en difficulté, je suis alors allé les aider contre ces troggs qui infestent ces îles - mais devant leur peur devant moi, j'ai fait mine de m'enfuir avant de retrouver ma forme d'elfe hors de leur vue. La femelle n'avait jamais vu d'elfe et semblait très curieuse, mais le mâle semblait atteint d'une folie meurtrière qui l'enjoignait à aller attaquer les troggs encore et toujours, se mettant plusieurs fois en difficulté. Nous avons dû batailler plusieurs fois pour le sauver de situations périlleuses, mais parfois il était trop tard et il avait succombé sous le nombre. Heureusement, il n'était qu'inconscient et on parvenait à le ramener à la vie...
La femelle, à ma très grande surprise, invoqua à son tour un démon. Devant mon air réprobateur, elle le renvoya et me dit que j'avais dû rêver. Je fis mine de la croire, mais ce simple fait me tracasse: ces petites créatures, brillantes par leur intelligence, semblent également frayer avec les démons - mais eux, contrairement aux humains, ont conscience que c'est mal. Et je ne sais quel démon habite le mâle, mais il semble que parfois il perde la conscience de la réalité et entre dans une frénésie qui n'est pas sans évoquer la corruption des orcs au temps où ils étaient dominés par les démons - du moins est-ce ainsi que je me la représente d'après ce que l'on m'a décrit. Je décidais alors de garder un oeil sur eux, et je les accompagnais pendant la soirée jusque dans la carrière infestés au nord est du lac.
Finalement, nous regagnâmes l'auberge de Thelsamar et, lorsque je me quittais ma méditation le lendemain, ils avaient déjà quitté l'auberge.

Je croisais de nombreux gnomes, mâles et femelles - et bien moins de nains, et presque tous mâles. Je ne sais pas s'il y a une raison à cela, je ne manquerai pas de le préciser dans mon prochain rapport.
Avec ceux-ci, nous sommes allés mettre fin à l'invasion des troggs dans les montagnes au sud de Thelsamar, jusqu'à ce que je reçoive un appel provenant de Darnassus: mon archidruide souhaite me voir de toute urgence, il semble qu'il ait une nouvelle tâche à me confier.

C'est donc le coeur battant que je me prépare à rejoindre Darnassus la belle, en espérant que je serai digne de la tâche qui va m'être confiée.

Après de longues heures passées à dos d'hippogryphes, enfin Teldrassil se dévoilait à moi. Quel bonheur que de fouler à nouveau ces terres, après ces journées passées agressé par ces présences démoniaques et cette Magie honnie! Pour la première fois depuis bien longtemps, enfin mon corps était en harmonie avec mon environnement!
C'est donc le coeur léger que je me dirigeais vers l'enclave de Cénarius, où je devais rencontrer à nouveau mes instructeurs afin de recevoir ma nouvelle affectation.

Après avoir entendu de vive voix mon rapport sur mes dernières journées et avoir débattu sur mes aspirations, ils ont décidé que j'étais prêt pour l'étape suivante de ma formation. Ils ont libéré en moi les connaissances pour accéder à une forme féline, mais je n'ai pas ressenti le même plaisir que j'éprouve lorsque j'emprunte la forme d'ours. Rien d'étonnant à nouveau, m'ont-ils dit, c'est le cas d'une grande partie des druides. Neanmoins, utiliser cette forme peut avoir de grands avantages dans certains cas où j'aurais besoin de me faire discret.

Lorsqu'ils estimèrent que je maîtrisais suffisament ce nouveau corps, ils me donnèrent mes nouvelles instructions.
Et une nouvelle surprise m'attendait: ils me demandaient de m'intéresser d'un peu plus près aux deux gnomes que j'avais cotoyés au Loch Modan, surtout au mâle, et de chercher à comprendre cette frénésie qui s'empare de lui - et de voir si la présence du démon lié à la femelle pouvait avoir un rapport. D'après leurs sources, ils seraient maintenant dans le village de Lakeshire, dans la région des Carmines à l'est de Stormwind. Mais cette fois, je devrai voyager par mes propres moyens pour m'y rendre: ils me dirent qu'ils avaient de gros soucis actuellement avec les druides qu'ils continuent d'éveiller du domaine d'Ysera, que quelque chose est en train de se passer là-bas, quelque chose qu'ils ne comprennent pas encore très bien. Et il est vrai que je ressens comme une inquiétude au fin fonds de mon être sans parvenir à l'expliquer, que rien ne me semble justifié. Est-ce lié ou pas, je n'en sais rien - je me suis donc abstenu de le leur mentionner, préoccupés qu'ils étaient avec leurs propres soucis.

J'ai donc repris le chemin des territoires humains, et de Lakeshire. Après une journée passée là-bas, je localisais enfin les deux gnomes, qui me reconnurent. Il est vrai qu'assez peu d'elfes fréquentent ces lieux! Le mâle s'appelle Yngwie, et la femelle Xia. Si celle-ci accepte ma présence assez facilement, il n'en est pas de même pour lui, qui semble se méfier considérablement de moi.
Je me débrouillais donc pour me faire accepter d'eux, et nous partîmes ensemble rendre de menus services aux populations locales. Et je constatais à nouveau que je n'avais en rien exagéré ma première impression: lorsqu'il s'engage dans un combat, Yngwie perd tout contact avec la notion même de danger et se comporte comme s'il était invincible - je ne sais par quel miracle il n'est pas mort, ou plutôt je me demande ce qui se serait passé si je n'avais pas été là pour le soigner et le soutenir. Xia semble résignée par le comportement de son ami et tente tant bien que mal de lui éviter de mauvais coups... Les murlocs du lac se souviendront longtemps du massacre perpétré ce soir-là, leur village étant jonché des corps de leurs congénères à tel point qu'on ne cessait de se prendre les pieds dedans - et les nombreux renforts qu'ils appelaient subissaient à leur tour cette folie meurtrière. Finalement, longtemps après que notre mission avait été achevée, Yngwie sembla reprendre le contrôle de ses actes, et nous rentrâmes au village. Je tentais d'engager la discussion à ce sujet, mais Yngwie se mit en colère. Xia essaya bien de l'apaiser, mais il préféra s'enfuir en voyant qu'elle ne prenait pas sa défense.

Je décidais alors de les laisser seuls, et rentrais à l'auberge. Demain, j'essaierai de les convaincre d'aller aux Mortemines, histoire de juger de son comportement face à de vrais adversaires et non face à de vulgaires murlocs.

Ainsi que je l'avais souhaité, je me suis donc débrouillé pour les convaincre d'aller dans les Mortemines, pour tenter de mettre la main sur le dénommé Van Cleef. Et à mon grand désespoir, Yngwie, confronté à une opposition réelle, a été repris de folie et avant même d'avoir pénétré au coeur de la mine, il est allé affronter tout seul pas moins de 4 adversaires... Evidemment, ceux-ci n'ont eu aucun mal à le maîtriser et à l'assomer, sous le regard amusé d'un paladin humain qui s'était joint à nous, et excédé du chasseur nain qui l'accompagnait. Après que nous sommes parvenus à le libérer, Yngwie semblait changé. Plus aucune trace de cette folie, et il s'est averé être un excellent combattant lorsqu'il est maître de lui. A l'exception de ces 5 premières minutes d'inconscience, notre aventure s'est déroulée sans aucun problème - et au final, nous n'avons pas réussi à raisonner Van Cleef et nous avons été forcés de le tuer.
Xia, quant à elle, semble avoir renoncé à essayer de me dissimuler la relation qu'elle a avec les démons. Je l'ai observée du coin de l'oeil pendant toute cette sortie, et jamais je n'ai constaté le moindre écart de comportement de son invocation. Oh, il râle bien de temps en temps, mais elle semble avoir parfaitement le contrôle de la situation en toute occasion. La seule chose qui semble échapper à son contrôle, c'est son ami Yngwie. J'ai l'impression qu'ils cherchent à se cacher des sentiments qu'ils ont l'un pour l'autre - mais n'étant pas gnome, peut-être que je me trompe sur la signification de ces regards qu'ils se lancent quand ils pensent ne pas être vus par l'autre.

Quelques jours plus tard, ayant appris qu'il se trouvait à Ashenvale, j'ai pris cette direction, et je l'ai à nouveau "rencontré" par hasard. Une lueur de satisfaction brillait dans son regard, et il m'annonça qu'il venait de triompher lors d'un combat sans merci des membres de la Horde.

La Horde.
L'Alliance.

La Guerre.

C'est à ce moment que j'ai réellement pris conscience que la paix apparente qui baignait Astranaar n'était qu'une façade. Partout où se posait mon regard, je voyais des signes montrant que la Guerre était sur nous: les gardes aux armures cabossées, des squelettes à l'entrée de la ville, des traces de feu magique sur les écorces des arbres, des traces de sang partout sur le sol. Et cette peur qui brillait dans les yeux des gens qui venaient se réfugier en ville, ces paroles plus fortes que nécessaires destinées à se donner du courage. Et ce sentiment d'attente, ce poids invisible qui pesait sur la ville.
Ashenvale la forêt martyr. Cette même forêt qui des millénaires auparavant avait partiellement été détruite par Dath’Remar et ses fidèles replongeait dans l'horreur de la guerre. Inévitablement, ces souvenirs que l'on croit enfouis ressurgissent alors, plus violents que jamais. Ainsi que la haine que j'avais ressentie alors, cette haine devant la douleur de la Terre. Et lorsque Yngwie m'a proposé d'aller en découdre avec les envahisseurs, cette haine m'a submergé, et j'ai oublié le lieu où je me trouvais, l'heure qu'il était, et je n'ai eu d'autre objectif que de tuer, tuer, encore tuer...

Aujourd'hui encore, je ne parviens pas à analyser la folie qui m'a submergé à mon tour. Ca n'était pas la première fois que je prenais la vie de quelqu'un, ni même que je me faisais tuer: il semble que quelqu'un ou quelque chose se délecte de nous voir vivre et revivre, puisque même la mort nous est refusée.
Mais c'était la première fois que j'y prenais autant de plaisir.
Mais depuis, j'ai été un peu rassuré par les paroles de mes instructeurs, disant que cette étape était nécessaire pour apprendre à survivre dans le monde tel qu'il est aujourd'hui. Apprendre à laisser ses instincts parler, car ils représentent la clé de la survie. Il n'empêche, tuer quand ça n'est pas nécessaire reste à mes yeux du gâchis. Mais il me faut apprendre à passer outre ces considérations, même si ça ne m'est pas si facile.

Nous avons vécu d'autres aventures ensemble. Xia est revenue d'un voyage je ne sais où, et semble avoir une influence bénéfique sur Yngwie, qui est lui-même bien plus calme qu'auparavant. J'ai l'impression qu'ils en sont à un nouveau stade dans leur relation, et qu'ils ont cessé de jouer à cache-cache entre eux. J'en suis très heureux, car je pressens que de bonnes choses en sortiront. Depuis quelques temps, un nain, nommé Grömgir, semble les accompagner assez souvent. Leur destin semble également mêlé d'une manière que je ne peux comprendre à cet humain qui m'avait soi-disant vendu à un prêtre lors de mes premiers pas sur ces terres humaines, un autre adepte de la démonologie, qui s'appelle Arïoch. En leur compagnie, nous sommes allés à Brassenoire, puis nous avons traversé tout le continent d'Azeroth de Menethil jusqu'à Southshore, avant de poursuivre notre route jusque dans les terres dévastées de la Forêt des Pins Argentés. La souillure qui règne là-bas est affolante, et il m'a fallu toutes mes forces pour ne pas me mettre à pleurer devant la souffrance de la Terre et la corruption des animaux sauvages. Heureusement, nous n'avons pas eu à pénétrer plus avant dans ces terres maudites, puisque nos pas nous ont mené dans le donjon d'Ombreroc sans avoir à remonter vers le nord, là où je ressentais que le pire de cette déchéance se trouvait.
Et lorsque nous sommes retournés dans les terres civilisées, c'est presque avec plaisir que nous avons mis fin aux émeutes qui règnent dans la prison de Stormwind, avant de dévoiler la traîtrise d'un notable de cette ville et sa collusion avec les Défias. Nous avons même rencontré la conseillère du roi qui nous a remercié chaudement pour notre action - même si Yngwie m'a avoué avoir ressenti une drôle de sensation en sa présence, comme s'il fallait se méfier d'elle. Et le plus drôle, même si je ne le lui ai pas dit, c'est que je me suis fait la même réflexion.

Et c'est là-dessus que nos routes se sont séparées à nouveau, puisque j'ai reçu une nouvelle convocation à Darnassus, avec la mention "Urgent" écrit dessus.

Beaucoup de choses se sont passées depuis les dernières lignes de ce journal.

Tout d'abord, ce que semblait redouter le Cercle cénarien s'est produit: quelque chose de terrible a bouleversé le Rêve d'émeraude, le domaine d'Ysera. Pire que tout: les plus fidèles défenseurs du Rêve, les dragons Léthon, Emeriss, Taerar et Ysondre, ont quitté leur garde et sèment dorénavant la ruine et la désolation sur Azeroth! Les portails permettant l'accès au Rêve sont désormais impraticables même aux plus talentueux des druides, et une angoisse terrible bouleverse le Cercle: que devient Ysera, et que va devenir le monde si elle n'est plus là pour veiller à sa protection? Et que se passe-t-il donc dans son domaine?

Et un malheur n'arrivant jamais seul, le désert de Silithus, loin dans le Sud de Kalimdor, semble également la proie à la plus grande confusion - mais j'ai trop peu d'informations pour savoir ce qu'il en est réellement, et le Cercle préfère me laisser dans l'ignorance à ce sujet. Il n'empêche qu'au vu de leurs conversations, ils semblent débordés par la situation et recrutent de nombreux aventuriers pour aller enquêter sur place.

Par rapport à ces événements majeurs, ma propre progression est anecdotique.
En prévision des longues routes qui m'attendent, mes instructeurs m'ont dévoilé les mystères d'une nouvelle forme animale: une forme féline, qui grâce à son endurance et son agilité, me permet de parcourir bien plus vite les nombreux kilomètres que mes missions m'amènent à franchir.

Mes ordres de mission m'ont amené à me mettre successivement à la disposition des autorités de la ville portuaire de Menethil, dans les Paluns, puis de la ville de Darkshire, dans le Bois de la Pénombre. Autant les missions dans les Paluns m'ont permis de faire communion avec la nature, autant le Bois de la Pénombre est sinistre: la souffrance de la Nature y est épouvantable. Ces abominations mort-vivantes ont pris possession des lieux et corrompent de leur seule présence les moindres tentatives de la Vie à reprendre ses droits. Je n'ai rien pu faire contre l'immonde souillure de leur existence - ils étaient trop nombreux, et se relevaient sans cesse même après les heures passées à les combattre et à les éliminer sans merci.

C'est dans cet état d'esprit d'impuissance que j'ai reçu la consigne d'aller désormais me mettre à la disposition des autorités de la ville de Southshore, loin au nord d'Ironforge - et c'est avec un immense soulagement que j'ai quitté ces terres de désolation pour retrouver l'air marin et la nature sauvage.

Un petit point au sujet des 2 gnomes, Xia et Yngwie.
Etant donné les événements qui bouleversent le monde, le Cercle m'a indiqué que je pouvais cesser mon étude sur eux. Ils m'ont révélé que la seule raison pour laquelle ils m'avaient demandé de garder un oeil sur eux était de me permettre de prendre conscience que le monde n'était pas composé que de druides et d'elfes, et de m'évaluer sur ma capacité à m'intégrer au monde actuel et à analyser de manière objective ce qui m'entoure. D'après eux, je dois cesser de considérer que les elfes, et parmi les elfes les druides, sont supérieurs aux autres. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, car cette "leçon" a duré plusieurs heures, et elles n'auront pas été les heures les plus agréables de ma vie...

J'avais revu Xia aux Paluns. Nous sommes allés ensemble combattre les nains Dark Iron, à Dun Modr.

Puis, un peu plus tard, Yngwie l'a rejointe, et je les ai suivis jusque dans le désert de Tanaris, où une grande compagnie devait partir à l'assaut des dragons. A ma grande surprise, cette compagnie était composée non pas seulement de membres de l'Alliance, mais également de membres de la Horde! Et je me suis trouvé pour la première fois en train de combattre un ennemi commun, côte à côte avec les Orcs et les Taurens, avec les Trolls et même avec ceux qui se dénomment eux-même les Réprouvés. Et au terme d'un combat épique, enfin le grand Dragon s'effondrait sous les exclamations de joie des participants. Des images inoubliables...

A cette date, Xia m'avait demandé de lui rendre un service: ses maîtres démonistes lui avaient demandé de retrouver une fleur qui ne pousse que dans le Bois de la Pénombre, ainsi qu'une plante qui ne pousse que dans les Paluns. J'ai donc effectué cette recherche pour elle, et j'ai amené le résultat à Stormwind.
Une personne, qui se cache dans l'auberge mal famée du quartier des mages, m'a alors demandé d'apporter une boisson à l'un des officiers de Stormwind, dans le Donjon. Je ne me suis pas méfié... Le poison a fait son effet très vite, et le garde s'est écroulé, devant mes yeux stupéfaits, pour ne pas se relever. Heureusement, un prêtre a réussi à le ranimer, et j'ai été reconnu non coupable ce cette tentative d'assassinat - mais la personne qui m'avait confié cette tâche a disparu, et j'ai le poids de cet acte sur la conscience depuis. Et étrangement, je n'ai plus croisé Xia depuis...

Maintenant, je me repose au grand air de Southshore, profitant de ces dernières heures de tranquillité, avant de repartir à mon ouvrage jamais fini : il semblerait que les Hordeux s'amusent à jeter des boules puantes dans la ville...

Je viens de relire le compte-rendu que j'ai rédigé ce matin pour le Cercle de Cénarius - mais je l'ai finalement déchiré et jeté à la poubelle.

Les événements se sont précipités depuis la dernière fois que j'avais mis à jour ce journal. De plus en plus, les traces de la guerre sont omniprésentes, et il peut s'avérer très dangereux de circuler seul dans certaines régions du monde. Je ne compte plus les embuscades dans lesquelles je suis tombé, ni le nombre de fois où seule la fuite m'aura permis d'éviter le drame.

Le pire de tout cela, c'est cette oppression qui pèse sur mon coeur et l'impossibilité de parvenir à la faire partager autour de moi. La méditation dans le Rêve d'émeraude m'est refusée, comme elle l'est à tous les autres druides que j'ai eu l'occasion de croiser. Sans cette possibilité de me ressourcer, je subis de plein fouet la violence de ce monde, et je sens que je perds peu à peu la lucidité qui m'habitait auparavant, et les capacités d'analyse que je croyais être les miennes.

Le Cercle de Cénarius est obnubilé par Silithus - ils me disent qu'une ancienne horreur est en train de ressurgir derrière je-ne-sais quelle porte, et qu'il faut aller éliminer le danger à sa source. Ils ont l'air terrifiés, mais une certaine Shiromar fait pression sur eux, et il me semble qu'elle parviendra à ses fins tellement elle y met du coeur et de l'énergie. Lorsque j'ai essayé d'en savoir plus sur cette fameuse menace, ils m'ont dit de "continuer à chasser les murlocs et de les laisser travailler tranquille"...

Ces dernières semaines, j'ai erré tel une âme en peine, sous le poids de la corruption du Rêve d'émeraude. Mes pas m'ont amené tout d'abord à Gnomeragan, la ville perdue par les gnomes. Quelle abomination que cette ville... J'espère bien en plus jamais y mettre les pieds, tellement l'ingénierie gnome me hérisse. Telle une gigantesque cicatrice, elle déchire la Terre jusque dans ses profondeurs. Les flux naturels y sont brisés et sont dans l'incapacité de se réharmoniser.
Nous avons certes réussi à éliminer la machine folle qui avait pris le contrôle de la ville, mais c'était pour la voir remplacée aussitôt par sa soeur jumelle...

Mais je n'avais pas vu le pire... Peu de temps après, j'ai accompagné Yngwie dans un monastère, au nord-ouest du continent d'Azeroth. Nous avons dû traverser les terres maudites de Tirisfal...
Il est inconcevable que de telles horreurs puissent exister dans ce monde. La souillure qui règne dans ces terres est incommensurable, la Nature y est parodiée de façon innommable. Seule la loyauté envers le jeune gnome, Yngwie, a réussi à me faire continuer ma route, mais cette expérience a été détestable. A côté, Gnomeragan est un hâvre de paix et de prospérité...

Les Hautes-Terres d'Arathi m'ont permis de quelque peu reprendre confiance, mais mes voyages dans les Terres Ingrates et dans la région appelée Désolace ont contribué à atténuer considérablement la flamme que j'avais dans l'espoir de voir ce monde se relever et la Nature surmonter ces épreuves. Le lac de sel nommé les Salines, dans la région des Mille-Pointes, est une preuve de plus s'il en était besoin du dérèglement subi par notre monde - et le désert de Tanaris est comme une brûlure sur la peau de la Terre-Mère. Le continent de Kalimdor est sans vie, et celui d'Azeroth est souillé.

Une toute petite flamme continue envers et contre tout de briller dans mon coeur, et je m'y raccroche de toutes mes forces.
Cette lumière s'appelle "amitié".
Ainsi, Xia et Yngwie ont rejoint une confrérie, qui a pour point de rencontre l'auberge "Le Cochon Siffleur", à Stormwind. Cet assemblage hétéroclite d'êtres aussi divers que différents est une source inépuisable d'énergie: leur force de caractère, leur jovialité, et leur détermination à faire de ce monde un monde meilleur ont forcé mon admiration. C'est auprès d'eux que je retrouve l'envie de progresser, l'envie de continuer, tout simplement. A l'heure de mes doutes, ils ont été là, et ont su redonner un certain sens à ma vie. Ce qui ne m'est plus accessible dans le Rêve d'émeraude, je le retrouve en leur sein.

Ce matin, comme toutes ces dernières semaines, j'ai rédigé le compte-rendu de mes dernières activités, dans lequel je me suis efforçé de ne pas laisser transparaître mes doutes. Lorsque j'ai relu ce que j'avais écrit, j'ai été frappé devant l'inutilité et le vide de mes commentaires. Qu'il est loin le temps où j'avais l'illusion d'être utile au Cercle grâce à mes analyses! Aujourd'hui, je réalise que je ne suis qu'un infime maillon, et que Xel le druide ne changera pas la face du monde.

J'ai finalement jeté ce compte-rendu, et pris la décision d'envoyer ma démission du Cercle à la place. S'ils décident de me retirer la bénédiction des druides, qu'il en soit ainsi : la suite de ma vie sera dédiée à tâcher d'améliorer l'ordinaire des malheureux, et à veiller sur mes amis. Une nouvelle ère de ma vie débute.

*** Bien des mois plus tard ***

Je viens de retrouver ces quelques feuillets, que j'ai relus avec attention, mais aussi avec une grande amertume. "Une nouvelle ère de ma vie débute", avais-je écrit. En effet, une nouvelle ère de ma vie avait débuté, mais elle est bien loin d'avoir été aussi heureuse que j'avais l'air de le penser alors!!!
Quand je pense que je n'ai rien vu venir...

Tout a commencé en plein coeur de Stormwind, lorsque Xia, toute fière de me montrer ses nouvelles capacités, a invoqué un Infernal tout de flammes vêtu. Mon sang s'est glacé à la vue de ce monstrueux démon, l'un des plus redoutables soldats de la Légion ardente, au souvenir des drames qu'ils avaient perpétrés, lui et ses semblables, des millénaires auparavant... Xia était bien trop excitée, et ce qui devait arriver arriva : le démon parvint à s'arracher à son emprise et entreprit son oeuvre de destruction et de mort en plein coeur de la ville!!!

Heureusement, les gardes et moi-même sommes parvenus à le maîtriser et à le renvoyer dans le Néant, mais lorsque le capitaine de la Garde voulut interroger Xia, plus trace de celle-ci...

Je parvins finalement à la trouver, cachée à l'étage de l'auberge du centre ville. Elle était l'image même de la culpabilité, et devant ma colère, me demanda d'un toute petite voix de lui pardonner et de ne pas la dénoncer, qu'elle ne recommencerait plus... Si seulement je ne m'étais pas laissé attendrir, peut-être les choses auraient été différentes aujourd'hui... Mais je me contentais alors d'un simple sermon, soulagé en fin de compte que tout se soit bien terminé et que la leçon n'ait pas eu de conséquences tragiques. Le sourire qu'elle eût lorsque nous nous séparâmes me réchauffa le coeur, et je retournai alors à mes occupations.

Nos routes ne se croisèrent plus pendant un certain temps, mais nous restions en contact par courrier. C'est ainsi qu'elle m'apprit qu'Yngwie lui avait officiellement déclaré sa flamme et qu'elle avait accepté ce nouveau tournant à leur relation!

Mais un jour, les lettres cessèrent, et les miennes revinrent sans avoir été lues. Plus alarmant, Yngwie lui-même n'avait plus de nouvelles! Dans une longue lettre qu'il m'écrivit, il m'indiqua qu'il redoutait que la voie qu'elle avait choisie lui ait été fatale: il rompit une promesse qu'il lui avait faite et m'avoua qu'elle avait continué à invoquer des Infernaux, afin d'endurcir son âme et ainsi de renforcer le contrôle qu'elle pouvait avoir sur eux. Il m'indiquait dans cette lettre qu'il partait à sa recherche et qu'il me tiendrait au courant - mais ce fût le dernier contact que je pus avoir avec lui à ce jour.

J'ai passé des mois et des mois à chercher leur trace, mais.. Je n'en ai trouvé aucune. J'ai interrogé toutes les personnes qui auraient pu avoir de leurs nouvelles, en vain. La confrérie du Cochon Siffleur, à laquelle ils étaient si fiers d'appartenir, a elle aussi disparu au fil des temps.

Le coeur très lourd, je décidais un beau matin de partir à mon tour, de quitter ces terres qui avaient été si riches de promesses, mais en fin de compte si cruelles.
Grâce aux pouvoirs druidiques qui étaient les miens, je me transformais en une forme animale aquatique, et je partis dans les océans déserts, m'éloignant le plus possible de ces rivages qui avaient bercés mes illusions.

J'errai pendant des semaines et des semaines sous cette forme, plongé en une méditation intérieure dont je ne sortais que pour me nourrir. Quelle distance je parcourus, quels chemins je suivis, je n'en ai aucune idée. Toujours plus profondément, je m'enfonçais et je me détachais des réalités de ce monde, jusqu'à ne plus du tout ressentir ce lien envers la Terre dont j'étais si fier. Je vécus je ne sais pas combien de temps dans cet état, avec comme seule compagnie les fantômes de ma vie passée qui hantaient mes souvenirs.

Mais un rêve s'imposa alors à moi. Jour après jour, ce même rêve perturba mon abandon, au point que peu à peu des pensées cohérentes refirent surface et cherchèrent à lui donner un sens. Dans ce rêve, je voyais le Loch Modan - étrangement, cette vallée m'était à la fois familière et à la fois "étrangère" d'une manière que je ne pouvais appréhender. Un vieux nain, barbe grise et crâne dégarni, se tenait debout, en haut des falaises à l'ouest du lac, un bâton à la main. Il frappait en cadence sur le sol, et son tabard représentant un bélier oscillait en rythme, légèrement agité par un délicat souffle de vent. Les vibrations du sol se propageaient jusqu'à mon moi onirique et remontaient le long de mes jambes, réactivant des sensations tactiles que j'avais oubliées - et inexorablement, je me réveillais lorsque le nain cessait de taper sur le sol.

Ce rêve ranima quelque chose en moi, et mes sens se rouvrirent à la réalité. En fin de compte, je ne pus plus ignorer cet appel qui résonnait en moi, et une nouvelle fébrilité m'envahit: je me mis en route, guidé par un instinct infaillible. Et tandis que mon esprit refaisait surface dans le monde des vivants, les liens avec la Mère Nature se renouaient en mon coeur, peut-être même plus solides que jamais. Il me fallut 24 jours pour atteindre les terres habitées, et lorsque j'émergeais de l'eau, un nouveau Xel était né...